Dans le noir

Mon esprit suscite d’étranges choses,

Sans nom et oubliées de tous.


Je voudrais tant suivre les sentiers cachés

Dans la forêt protégée par le rempart des cimes sombres

Des sapins qui se profilent à l’horizon.


À l’intérieur de ces murs noirs dansent, je le sais,

Je le sais dansent tous nos ancêtres morts

Entourés de tant de choses inconnues ici.


Il faut savoir ce qui s’y cache.

Ce qui se cache sous les pierres

Et sous les racines.


Des tertres, de grands chênes.

Sous les racines gisent les runes.

D’anciens secrets dont on nous a privés.


Que souhaiter d’autre

Que d’entendre les chants des poètes

Des temps très anciens?


Que souhaiter d’autre

Que de sentir l’odeur de la terre après l’ondée 

Et de sentir la fraîcheur du vent d’automne ?


Que vouloir de plus

Que de voir la lumière dorée s’échapper de la

Fenêtre de la ferme la nuit avancée ?


Et alors, au loin, d’entendre raconter les récits

Des pères de nos pères, ces choses vraies

Issues des nuits si lointaines.


Quel émerveillement que de voir, au loin au-dessus des sapins, 

S’assembler les nuages noirs et gris de Novembre.  

Les ciels d’automne sont les plus beaux

Car ce sont les derniers.


Au crépuscule alors que tous les mondes se fondent,

Tant de choses peuvent être vues et senties et entendues, 

Mais tant d’autres ne font que surgir un instant pour mieux disparaître

De devant nos yeux déçus.